dimanche 16 octobre 2011

Le phénomène hippie

A l'autre bout du monde, en Californie, est né à l'automne 1966, très exactement le 6 octobre, sur la pelouses de Golden Park à San Francisco, le mouvement hippie. 
C'est en effet de ce premier Love-in, qui rassemble quelques 30 000 Flowers-children que l'on fait partir l'ère hippie. 
En fait, c'est en janvier 1966 que les sept premières communautés hippies s'organisent à San Franxisco, dans les forêts californiennes, sur les places et bientôt à New York. Avec l'été, plus de 200 000 hippies vagabondent aux Etats-Unis...
Le 14 janvier 1967, l'incroyable Human Be-in qui attire presque 50 000 personnes sur le même terrain de golf du Golf du Golden Gate Park, couronne l'âge d'or du mouvement et haight Street attend au printemps 200 000 et jusqu'à 350 000 hippies, comme hier des fleurs dans les cheveux et vêtus de vêtement exotiques pour fêter l'an II de l'ère hippie. 
Le 7 juillet 1967, ils sont 450 000. Time leur consacre sa couverture, puis Newsweek, Rien ne semble devoir arrêter cette progression numérique. "Les fugues d'adolescents se multiplient sans distinction de classe."

Les hippies sont des gents voyageurs et avant la fin de l'année 1967 ils se sot répandus dans le monde entier. Mais ce mouvement, héritier de la pensées de la beat generation, semble si bien apporter une réponse aux inquiétudes,non seulement des jeune Américains mais des jeunes de tous les pays, qu'il va avoir une influence décisive dans un grand nombre de domaines,mais en particulier sur le vêtement."haight Ashburry est la scène la plus réduite où il soit donnée au monde d'assister à la plus grande rétrospective de l'art vestimentaire. Cela tient du panorama historique et de carreau du Temple. Pirate un jour, un Noir se pavane dans un superbe costume de flibustier ; un chapeau conique à l'africaine, de longues banderoles de couleurs cachant son visage, c'est un Blanc qui déambule chaque après-midi dans la même rue, regardant gentiment les passants ébahis par sa longue cape de soie verte qui cache le traditionnel blue-jean effrangé.                          
La période élisabéthaine est aussi très populaire : quelques-uns s'habillent comme sir Walter Raleigh ou revêtent des costumes bigarrés comme ceux portés par les fous de la cour. D'autres, moins déguisés, se contentent de porter leurs cheveux sur les épaules, et une longue barbe et arborent des colliers de perles, des clochettes au poignet. Les filles sont légèrement plus traditionalistes. Leur goût va des ensembles pantalons dépareillés à la robe gitane fleurie, à celle ultra-courte à motifs psychédéliques, à la tunique de squaw ( cuir à franges et lacets). Le calme relatif est interrompu périodiquement par un garçon qui passe en grattant un instrument à cordes guitare ou luth ; un autre porte un tambourin qu'il frappe en cadence selon un mystérieux rythme intérieur ; un Noir rasé déambule comme un joueur de fifre, une flûte à la bouche.
"Pourquoi ces déguisements? Pour le touriste bien sûr. Mais surtout parce que le complet-cravate symbolise en Amérique toutes les présentations de la petite bourgeoisie. Or, la bourgeoisie emprisonne les individus en leur imposant les rôles? Le costume. "Pour avoir un emploi, il faut avoir des fringues qui collent avec, alors..."Ils ont recrée pour eux un nouveaux théâtre, de nouveaux costumes, de nouveaux rôles. La longueur de leurs cheveux est même devenue un moyen de communication en soi ; les cheveux longs sont la fraternité des rues, la disponibilité, la liberté ; les cheveux courts la discipline, le règlement. Ils créent ainsi une nouvelle minorité "ethnique". Eux, les enfants de la la classe moyenne blanche, s'identifient au Noir, à l'Indien, au Vietnamien, aux exclus de l'histoire Américaine. Ils se veulent une publicité vivante pour la révolution. Leurs but avoué n'est rien de moins que le renversement de la société occidentale par la vertu de l'exemple...
Mais le tintement de leurs clochettes les rassurent dans leur "voyage" et ils voient dans une fleur l'idéal de l'existence : " une vie libre, sous le soleil, toute de douceur".


Ces lignes permettent de saisir à quel point le mouvement hippie s'est traduit par une remise en cause de la mode. Expression d'une inquiétude, d'un refus de se laisser enfermer dans un système techno-social qui écrase toute personnalité et dont la seule finalité est le bien-être matériel, il rejette à priori les expressions extérieurs qui manifestent l'adhésion de l'individu au système. L’Américain moyen est un individu propre qui se lave, se rase, se coupe les cheveux assez courts. Les hippies adoptent donc le port de la barbe, les cheveux long et un certain mépris de l'hygiène qui, il faut bien le reconnaître, va parfois jusqu'à un certain amour de la "crasse". D'un passage à Berkeley en 1972, nous avons gardé le souvenir très net que la longueur des cheveux était pratiquement proportionnelle au caractère contestataire des potions politiques. Les jeunes fascisants d"extrême-droite se radaient la tête ou adoptaient la coupe en brosse, alors que les extrémistes "radicaux' affichaient des chevelures tombant largement sur les épaules. 
Toutes les phrases intermédiaires existaient, la coupe américaine classique pour ceux qui ne remettaient rien en cause, des cheveux moyennement longs pour les sympathisants de la gauche mais qui n'osaient pas trop s'affirmer.

Le mouvement hippie, dans sa forme originelle, le Flower Power, a peu duré. Dés la fin des 1968 et en tout état de cause au cours de contradictoires et disparates. Mais, et c'est là son intérêt en matière de mode, il a donné une expression vestimentaire à tous les courants de mécontentement qui ont agité la jeunesse dans les année 60. En effet, les hippies, s'ils sont héritiers de la beat generation et constituent un courant pacifiste et non violent, ne sont pas la seule forme de contestation que l'on ait rencontrée chez les enfants de cette époque troublée. On a vu que dans  les milieux populaires le phénomène des bandes avait revêtu une certaine ampleur, non seulement en Europe occidentale, mais aussi dans l'Europe de l'Est et au Japon. Ce même malaise ressenti chez les étudiants, généralement issus de la classe moyenne. C'est encore aux Etat-Unis que cette agitation se manifeste en premier lieu. 
C'est en 1962 et 1964 que commencent les premiers affrontements entre les élèves de l'University of California et la police à Berkeley. Rapidement ce mouvement va  s'étendre à l quasi-totalité des universités américaines entraînant des heurts qui, dans ce pays, sont toujours d'une extrême violance. Il y eut des morts dans de nombreux endroits.
Les étudiants, qui sont par nature des intellectuels, transposant rapidement leur reproches à l'égard de la société en systèmes politiques. Or, sous des formes diverses, ces systèmes politiques se réclament tous plus ou moins de l'idéologie marxiste. Le grand maître à penser de cette génération d'américains est Marcuse. Mais s'il s'agit d'établir une société meilleure, il ne s'agit plus de la transformer de la lutter contre elle efficacement et aller vite car la jeunesse est toujours pressée d'arriver à ses fins."We want revolution now!" est le cri de ralliements. Dès lors quelle autre voie que la violence, et cela ira des affrontements sur le campus jusqu'aux attentats à la bombe des "Weather-men". Ces forme de sésordres étudiants gagnent l'Europe et le monde. On les retrouve en Angleterre, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et même en Suisse, dans les pays socialistes, mais c'est sans doute au Japon et en France qu'elles ont connu les formes les plus exacerbées. Ces luttes ne sont d'ailleurs pas finies- et si elle semblent un peu calmées dans leurs manifestations les plus explosives dans les pays, où elles ont commencé-, plus tard en Espagne, en Grèce, en Egypten en Tunisie. Partout les tensions reste assez forte. L'inquiétude et l'insatisfaction  des jeunes- dues, comme on l'a vu, à l'importance démographique de cette jeunesse, à l'accroissement du temps d'études et, il faut bien dire, au manque d'idéal de nos sociétés techniques-, demeure er ne semble pas en voie de trouver une solution.

Or, ces jeunes qui, contrairement aux hippies, ont adopté la violence, ont par contre reconnu dans les formes gestuelles de la protestation hippie une expression valable pour eux aussi. Ces formes vestimentaires, ces coupes de cheveux, se sont étendues à quasiment toute la jeunesse, de tous les pays industrialisés, créant de ce fait une nouvelle mode qui remet en cause profondément les sources traditionnelles. On a vu, en effet, que depuis toujours, mais particulièrement depuis le XIXè siècle, les innovations en matière de vêtements sont venus d'en haut, de la classe dirigeante. Elle seule possède des moyens financiers lui permettant de changer de vêtements, d"accéder à toutes les possibilités d'ornement, de tissus somptueux. Elle seule, enfin, possède une liberté d'expression qui lui permet, sans risque, de tenter toutes audaces. Etant dirigeante et par là même opposée à tout système révolution façon remettre en cause l'ordre social établi. Lorsque, après la seconde guerre mondiale, la mode s'est démocratisée, le problème a commencé à se poser de trouver des formes d'expression qui correspondent aux voeux de l'ensemble de la population.On a vu que la réponse à cette questions a été le style qui, modestement à partir de la fin des année 50, puis de plus en plus nettement jusqu'à l'explosion Courrèges en 1965, a transformé les sources et orientations traditionnelles de la création. Mais va s'inventer de nouvelles formules d'habillement qui rompent définitivement et délibérément avec tous les passén avec toutes les idées reçues.

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